Le Gibertès / Buron des Rajas

Mercredi 5 juillet 2000

07h00. Il faut manger ! C'est ce que je me dis en terminant de mâcher laborieusement mon morceau de pain beurré. Je soulève le drap qui couvre le miel et les confitures, change les cuillères de pot, histoire de faire croire que j'en ai mangé. En fait, je ne suis pas ce qu'on appelle un "bec sucré" et, même si elle sont délicieuses, elles ne me tentent pas. Encore un bol de café qui finit de tiédir au thermos et je me mets en route.

08h00. Je quitte le gîte sous un soleil encore timide mais prometteur.
Journée faste pour la rando. Elle commence par la traversée du Bouas de Las Mogaus pour atteindre, dans une longue montée, le hameau de Chantegrenouille. Ensuite descente sur Saint-Laurent-de-Muret que l'on délaisse bien vite pour rencontrer l'Aubrac.

Un plateau superbe. Nu, peuplé seulement de rochers et de vaches aux cloches claires. On le traverse de part en part, sur une ancienne chaussée romaine que jalonnent encore et toujours de vieilles croix de pierre qui n'accrochent aucun nuage aujourd'hui. On descend sur La Blatte et son pont romain qui enjambe la Biourière.

Les plateaux de l'Aubrac

Tout a un prix ! Riche de ce superbe paysage, il faut maintenant gravir un sentier au balisage incertain, dans les bois pour commencer, en bordure d'un pré ensuite.
Plo de Grail. Trois kilomètres d'un large chemin de terre que les arbres refusent de rafraîchir de leur ombre tant le soleil est haut. Et puis ...

Et puis c'est l'ouverture sur Bonnecombe qu'on dépasse pour se perdre à nouveau dans les pâturages en suivant la draille qui mène au Buron des Rajas. Il est 14h00 et je suis sur mon cul. Ce n'est pas la fatigue: c'est la vue qui s'offre à moi dans cette descente que j'aimerais plus lente et qui plonge vers le gîte. Un tableau sans tache. Un moment, un vrai ! Une promesse aussi. J'espère que la suite sera à la hauteur du bonheur d'aujourd'hui.

Le gîte est ouvert et je m'y installe. Je sors, je me pose et je reste là à tout manger des yeux ... S'il ne fallait faire qu'une étape de ce Tour des Monts d'Aubrac, ce serait celle-ci. Rien en trop, rien qui ne fasse défaut, un diamant vert taillé pour le bonheur. Passez-y. "Voir Naples et puis ...", c'est de la blague.

Et le calme autour du buron ...

17h00. Le gros 4X4 blanc de Madame Pignol descend la draille. Comme elle propose de me préparer le casse-croûte, j'accepte ce que j'avais refusé hier. Je sais enfin pourquoi elle demande des arrhes pour l'hébergement: il n'y a pas si longtemps, huit cyclistes belges lui ont "planté un drapeau" comme elle dit. Normal qu'elle prenne ses précautions maintenant.
Il faut que je rentre au gîte pour sentir les brûlures du soleil. Vite, de l'ambre solaire. Trop tard sans doute pour éviter les coups de soleil, mais au moins cela apaise légèrement le feu des mollets et du front. Il y a fort à parier que demain je marcherai en chemise et en pantalon et que je porterai cette casquette que je n'aime pas beaucoup mais qui - il m'en coûte de le reconnaître - fait son office de manière efficace.

Nous serons 5 à passer cette nuit au Rajas. Quatre randonneurs dont je ne retiens pas les prénoms mais qui viennent de Narbonne, de Paris et d'Alsace. Le repas est convivial. Rebelotte pour "la fleur d'Aubrac" - vous savez, les carbonnades ...

Après le souper nous montons voir le coucher de soleil au signal de Maihle Biau. Ce doit être superbe mais les vaches ne partagent pas notre émotion. Nous étions montés à cinq (péniblement), nous redescendons (hâtivement).

Coucher de soleil au signal de Maihle-Biau

Avant d'aller dormir, je prends soin de laisser mon sac dans la salle commune pour ne pas déranger mes "colocataires" qui n'ont aucune intention de partir aux aurores. Superbe nuit ! 


Etape précédente
Aumont-Aubrac / Le Gibertès
Sommaire Aubrac
Etape suivante:
Buron de Rajas / St-Chély-d'Aubrac


Page d'accueil

Généralités | Rando en Belgique | Rando en France | Compostelle | Littérature et randonnée
Ecrimages| Les images | Le boulot | Syndicats | Les Liens