Bruxelles / Aumont-Aubrac

Lundi 03 juillet 2000

Voyage en train avec des colos vers l'Aubrac ...

Stress du matin ! Je n'ai que 47 min. pour effectuer le transfert de la Gare du Nord à la Gare de Lyon. Et j'arrive à Paris avec 10 min. de retard ... Une paille au regard de ce qui suivra.
08h45 ! Le taxi me dépose à l'entrée de la gare, il me reste trois minutes avant le départ et soudain ... le temps se met en congé lui aussi.

Le train pour Clermont-Ferrand est en retard. Péniblement - et sans pouvoir compter sur la gentillesse de la serveuse du "bar-corail" - je finis par trouver ma place. Non sans avoir enjambé une multitude de valises, de sacs, de sacoches, évité de justesse une roue de vélo que l'on embarque à la hâte. Evitées aussi des ribambelles d'enfants toutes plus bruyantes les unes que les autres. Ce sont les colos ! A croire qu'elles ont toutes rendez-vous en Auvergne rien que pour l'été 2000.

Je trouve ma place ? Enfin presque! Elle est, comme beaucoup d'autres, occupée par une tête blonde à binocle qui sent arriver la cata. "Est-ce que vous avez réservé ?" Question naïve à laquelle mon billet répond de manière formelle et définitive. La mine déconfite de la mono fait écho aux regards dépités des "moustiques" qui sont renvoyés vers un autre compartiment où la scène, à n'en pas douter, se reproduira.

Pas fâché de me poser enfin (il y a même de la place pour mon sac) et de me griller une petite cigarette ...
Là, cela vire au délire ! Les quatre mioches qui étaient restés, épargnés des réservations, se bousculent pour gagner le couloir. Ils sont encore plus blêmes que tout à l'heure. Et pour cause ! Une colo d'asthmatiques partant se refaire une santé dans la région de Mende et casée dans un compartiment fumeur ... Merci à la Ville de Paris qui a (dés)organisé leur voyage.

09h35. Le train démarre. Les vacances, c'est aussi un autre temps.

Deuxième épisode. Quelques guignols pensant que le retard pris jusqu'ici n'est que le début de la rigolade tirent le signal d'alarme. Et nous voilà repartis - façon de parler - pour une demi-heure d'arrêt forcé, peu avant Vichy.

Toutes ces péripéties font que j'en oublie de regarder le paysage. Il faudra avoir largement dépassé Clermont pour que j'aperçoive enfin les premiers reliefs, bien vite suivis d'une superbe vallée où la voie unique longe un cours d'eau qui aimerait se faire torrent mais n'en a pas la force.

Viennent enfin les premières vues sur l'Aubrac, Saint-Chély d'Apcher (où je ne sais pas encore que je reviendrai) et finalement Aumont-Aubrac, atteint avec pratiquement deux heures de retard sur l'horaire prévu.

Aumont-Aubrac. Le loup du Gévaudan ?

Il doit avoir beaucoup plu à voir les grandes flaques qui brillent sous un soleil qu'il ne me semblait pas avoir quitté. Quelques instants de recherche et ... c'est le patron du gîte du Barry qui m'embarque dans sa voiture pour gagner le premier logement de ce Tour des Monts d'Aubrac.
Passé le porche on découvre l'habitation ancienne, pas entièrement rénovée, aux murs de pierres et de crépi mêlés qu'écorche un horrible distributeur de Coca-Cola. Puisque, aujourd'hui, j'ai le choix (dortoir ou chambre) je prends la chambre.

Les pèlerins à table.

Une bonne douche. Une petite recherche pour savoir par où je partirai demain et déjà c'est l'heure du repas. C'est autour d'un souper bien copieux que se nouent les premières conversations. Je fais figure "d'intrus" à deux titres. Je suis le seul Belge et le seul, aussi, qui ne fasse pas Compostelle. Tous, à leur manière, vont à Saint-Jacques. Il y a ces deux couples mélangés (Alsace-France et Allemagne-France) qui viennent du Puy-en-Velay et qui ayant commencé leur pèlerinage cette année le continueront - peut-être - à raison d'une semaine chaque année. Mon vis-à-vis fera, lui, le chemin d'une traite - enfin, en plusieurs étapes - du moins s'il ne s'arrête pas définitivement à Conques, concrétisation d'un vieux rêve qui le verrait se fixer au monastère.
Même si pour eux le chemin parcouru n'est pas encore très long, il est amusant de les entendre s'échanger le souvenir des rares étapes déjà accomplies. Oserais-je dire que la table a l'air d'être un facteur de réunion tant ils décrivent leurs repas avec précision.
Chacun reste discret sur les motivations profondes qui le poussent à faire le Camino. Pourtant ils seront nombreux, dès la fin du repas, à faire apposer le tampon sur leur Compostella. Ceux qui ne l'ont pas encore regrettent de ne l'avoir emportée. Sans elle, pas de salut. Même si ce bout de papier quadrillé se vend aujourd'hui 130 FF en Bretagne ...

Allez, hop ! Au dodo. Demain ce sont les 22 premiers kilomètres qui m'attendent.

 


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