Malaucène 2002: GR4, le Mont Ventoux

10 & 12 avril 2002

mercredi 10 avril

Bien, quand il faut y aller, faut y aller. Aucun dépit, juste une inquiétude pour la météo. Mais si nous ne partons pas aujourd'hui , quand donc irons-nous chatouiller les pentes de celui que j'appelle presque affectueusement le "Vieux pelé" ?

Il y a presque dix ans nous avions fait connaissance en juillet. J'étais, cette fois-là, parti de Bédoin, la nuit, et j'avais pu assister au lever de soleil rendu plus beau encore grâce à la magie des endorphines accumulées tout au long de l'ascension. Le spectacle fini, le guide avait été déçu de constater qu'il y avait encore trois volontaires pour redescendre à pied ... trois belges (ça ne s'invente pas). Il nous avait fait payer chèrement notre entêtement en "courant" rejoindre notre point de départ et c'est les "genoux cassés" que j'avais terminé. Même la 1664 n'avait pas réussi à faire oublier les douleurs.

Aujourd'hui pas de course au soleil, ou pas la même. Plutôt un espoir, passer entre les gouttes.

Nous quittons Malaucène alors que le marché hebdomadaire finit de s'installer et que chaque marchand cherche encore à trouver la bonne place. Au sortir du village, un panneau annonce la couleur pour les cyclistes: dénivelé: 1909 m, pente moyenne 7,5%. Voudrais pas être à leur place. Mais il y en a qui aiment ça au point d'avoir créé une association pour les courageux qui le font trois fois dans la journée ... Il y a même un diplôme de galérien pour la 4e ascension cycliste.

Le marché, avant les acheteurs.
Oh, c'est haut. Mais on gagne 300m.

La route s'éloigne et le sentier grimpe lentement sous les arbres. En contrebas, on devine les cerisiers alignés comme à la parade et dont les fleurs blanches font les yeux doux au soleil. Sans résultat, malheureusement. Inutile de pousser le regard très loin. Beaumont-du-Ventoux reste invisible et profite, timide, de la couverture du brouillard pour échapper à nos yeux. Et ça grimpe, encore et encore. Le sentier se fait plus étroit, par moment ça glisse.

Et puis ... des chants scouts percent la brume. A les entendre ils sont en train de dévorer leur tambouille, tout près de la Chapelle Sainte-Sidoine, un peu plus haut (745m). Et la grêle se met de la partie. Elle tombe dru. Les chants font place aux cris et au bruit les gamelles que l'on range trop vite. Lorsque nous arrivons enfin à Sainte Sidoine c'est pour voir les derniers bérets noirs se réfugier dans la chapelle.

"Faites un peu de place ...". Merci ! Pas fâchés de pouvoir se mettre au sec, Alain et moi cassons notre première barre de céréales. Irons-nous beaucoup plus loin ? Rien n'est moins sûr. Mais on continue. Dans la descente, très raide, vers les Alazards la grêle finit de tomber et nous accompagne en de petits ruisseaux blancs qui rendent nos pas incertains. Le village, un lavoir: pause casse-croûte. Nous faisons le point: soit le temps s'améliore, soit on rentre. Une bonne heure à "guetter les stratus, à lorgner les nimbus, à faire les yeux doux au moindre cumulus", comme disait Brassens. C'est foutu ! Retour à l'asphalte des marcheurs en déroute, trempés, gelés, icônes de la déception.

Il nous faudra le resto du soir pour transformer nos regrets en (bons) souvenirs sans doute.

vendredi 12 avril

C'est la veille de notre retour sur Bruxelles, à 14h, les bagages sont presque prêts. Mais Alain passe me prendre. Allez, on y va. Pas question de refaire tout. On partira du Mont Serein pour faire les 500 derniers mètres (de dénivelé ...). OK. C'est parti. La voiture rangée, on cherche l'antenne, au sommet. On la voit, on ne la voit plus, elle revient, elle repart. Il faudra passer entre les nuages aujourd'hui et pas entre les gouttes.

Tout commence "à l'aise", sous les arbres encore hauts, mais le ton est donné. Des lacets, des lacets et encore des lacets. La récompense en en haut, en alternance ... La neige apparaît, timide au début. Quelques longues tâches blanches qui s'accrochent au chemin. Le décor change, autour de nous les nuages emballent tout, au gré du vent. Parfois le soleil les déchire et on peut alors deviner les pentes qui nous font face. Le sentier devient plus clair, les arbres plus petits. Il ne manque au sapin que la guirlande pour se croire à Noël. Et puis plus de sapin du tout. De la caillasse, avec parfois la tache colorée d'une fleur, parfois les traits blanc et rouge qui tracent le GR. L'observatoire répète son entrée en scène à chaque lever du rideau de brume. On croise la route, fermée aux voitures. On repart sur le sentier. C'est le dernier morceau. Tout est nu. Par beau temps la vue doit être magnifique. Aujourd'hui, nous on se la joue feutrée, magique, changeante, presque mystérieuse. Le temps de se retourner et le sommet d'en face n'est plus qu'un souvenir.

On y est presque ...
Puiqu'il veut bien se montrer ...

Le sommet. Table d'orientation. Vue sur les nuages et rien que les nuages. On cherche la Lure, le Mercantour ... Ils sont là, visibles seulement sur la pierre gravée dont les flèches pointent dans l'ouate. Pas grave, on voulait y être et on y est.

Pour redescendre, on suit la route, un peu, et puis on rejoint une piste de ski. En route, sans ski. Descente sur un tapis moelleux de mousse et de crocus, les arbres grandissent à nouveaux, la voiture n'est pas loin. Le plaisir est ici.

On reviendra !

 

 


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